Conversations with changes

Court métrage d’animation
technique mixte green screen, after effect, animation image par image
réalisation: Shirin Abu Shaqra
directeur de la photo: Sarah Blum, Nicolas François
musique originale: Patricia Alessandrini, Franziska Schroeder
after effect: Bassem Tabet
production: Le Fresnoy ©2010

Dans une conversation, un ami m’a parlé des “song lines”, cette croyance animiste grâce à laquelle les aborigènes d’Australie s’orientent pour traverser des étendues de territoires, des “lignes de désir” qui font qu’on arpente une ville selon nos émotions, et aussi la ”psychogéographie”, ce mouvement d’urbanistes qui a voulu concevoir les villes selon la psychologie humaine et non pas la fonction de ses bâtiments et quartiers. “Toutes les villes sont géologiques ; impossible de faire 10 mètres sans tomber sur des fantômes arborant le prestige de leurs légendes.(…) Certains angles changeants, certaines perspectives fuyantes nous permettent d’imaginer la définition originale de l’espace, mais cette vision reste fragmentaire. Il faut la chercher dans les lieux magiques des contes de fées et des écrits surréalistes.” (Formulaire pour un nouvel urbanisme, par Ivan Chtecheglov). Je suis incapable de dessiner, mais je vois. Prenons une ancienne maison près de laquelle est construit un bâtiment moderne. Entre les deux, on remarque que la nature a pris le dessus sur un mur en pierre qui lui, à son tour, laisse passer un bout de fer forgé taillé comme au XIXe siècle. La première pensée qui nous vient à l’esprit est la stratification du temps. Mais si l’on imagine que ce passage a été le lieu d’une discussion menant à un contrat qui a changé la vie de telle communauté, alors l’ambiance devient narration. Si ces bouts de narration se juxtaposaient, ils dessineraient déjà une première “song line”. Ce sont eux que j’ai voulu mettre en scène, ces bouts de vie en dehors des livres d’histoire, plus petits que l’histoire orale, loin des faits divers et en dehors de l’histoire des perdants, celle qui n’est jamais écrite. Je vois, j’imagine…» Shirin Abu Shaqra